« L’Accord-cadre pour la paix, la sécurité et la coopération pour la République Démocratique du Congo et la Région » à l’épreuve de la résurgence du Mouvement du 23 mars
Martin ZIAKWAU Lembisa*
*Docteur en Relations Internationales et Professeur d’université.
Résumé
La résurgence du Mouvement du 23 mars (M23), à partir de novembre 2021, remet sur le tapis la problématique du bienfondé de l’« Accord-cadre pour la paix, la sécurité et la coopération pour la République Démocratique du Congo et la Région », signé le 24 février 2013 à Addis-Abeba (Ethiopie) par une dizaine de Chefs d’Etats et d’institutions internationales. Ce, en vue de faire échec en particulier à l’activisme de ce groupe armé qui avait réussi à prendre le contrôle de la ville de Goma en novembre 2012, et, en général, de mettre un terme aux cycles récurrents des violences armées dans l’Est de l’Etat congolais. Quand bien même les engagements qu’il comprend ne seraient pas assez mis en œuvre suite à des perceptions à la base des postures des parties prenantes, l’Accord-cadre est toujours considéré par le Conseil de sécurité, qui privilégie une solution politique à la crise du M23, comme un mécanisme essentiel pour parvenir à la paix, la sécurité et la stabilité particulièrement en RDC. Ce qui tend à conforter la pertinence de cet instrument juridique international. Il revient à l’Etat congolais, principal concerné dont l’affadissement le réduit aux efforts de survie, de capitaliser les opportunités inhérentes à l’Accord-cadre, moindres seraient-elles, et de s’employer à susciter une « convergence géopolitique » dans la perspective d’une paix véritablement durable dans l’Est de son territoire. A cet effet, il s’impose au Gouvernement congolais, au sens large du terme, de construire une réponse stratégique consistant en un plan global de gestion et de résolution à long terme du problème sécuritaire dans l’Est, comprenant des thérapeutiques précises (militaires et non militaires) aux causes profondes à élucider dans une mise en évidence de la complexité des relations mouvantes des parties prenantes. Il y va de l’efficacité de la lutte contre le système d’insécurité dans l’Est de la RDC, vieux d’environ trois décennies.
Mots clés : Accord-cadre, paix, sécurité, coopération, Mouvement du 23 mars.
Abstract
The resurgence of the March 23 Movement (M23), starting in November 2021, brings back into question the validity of the « Framework Agreement on Peace, Security and Cooperation for the Democratic Republic of Congo and the Region », signed on February 24, 2013 in Addis Ababa (Ethiopia) by a dozen Heads of State and international institutions. This, in order to defeat in particular the activism of this armed group that had managed to take control of the city of Goma in November 2012, and, in general, to put an end to the recurring cycles of armed violence in the eastern part of the Congolese state. Even though the commitments it contains may not be sufficiently implemented due to perceptions of the postures of the stakeholders, the Framework Agreement is still considered by the Security Council, which favors a political solution to the M23 crisis, as an essential mechanism for achieving peace, security and stability, particularly in the DRC. This tends to reinforce the relevance of this international legal instrument. It is up to the Congolese state, the main one concerned, whose decline reduces it to survival efforts, to capitalize on the opportunities inherent in the Framework Agreement, however small they may be, and to work to bring about a « geopolitical convergence » with a view to achieving a truly lasting peace in the East of its territory. To this end, the Congolese government, in the broadest sense of the term, must build a strategic response consisting of a global plan for the long-term management and resolution of the security problem in the East, including specific therapies (military and non-military) for the root causes that need to be elucidated, while highlighting the complexity of the changing relationships between the stakeholders. The effectiveness of the fight against the three-decade-old system of insecurity in eastern DRC depends on it.
Key words: Framework agreement, peace, security, cooperation, March 23 Movement.